Développer son identité, au cœur de notre réalité.
Développer son identité est une démarche au cœur de notre vie, autant à l’adolescence qu’au début de l’âge adulte. Cette démarche se manifeste par divers questionnements qui deviennent de plus en plus centraux durant ces périodes de vie, par exemple :
- « D’où viens-je ? »
- « Qui suis-je ? »
- « Qu’est-ce que je veux devenir ? »
- « Quelles sont mes croyances ? » et
- « Que faire avec ma vie ? »
Ce développement identitaire se produit principalement à l’adolescence et au début de l’âge adulte, mais ces questions perdureront probablement tout au long de notre vie, à différents degrés. Les réponses à ces questions, elles aussi, pourront évoluer avec le temps.
Deux processus pour développer son identité : l’exploration et la prise d’engagements
Selon diverses théories, le développement identitaire se mettrait en œuvre par deux processus : l’exploration et la prise d’engagements. L’exploration consiste à réfléchir, découvrir et identifier, par exemple, nos croyances, nos valeurs, nos passions, les activités qui nous plaisent, le type d’ami·e·s avec lesquel·le·s nous nous sentons bien, donc à cerner ce que l’on aime et ce que l’on n’aime pas, ce qui reflète et ne reflète pas qui l’on est véritablement. Cette exploration identitaire est importante, car elle permet de guider les engagements que l’on prend, par exemple le type d’ami·e·s avec qui nouer des liens, le choix de poursuivre ou non ses études, le programme académique auquel s’inscrire dans les formations professionnelles, au cégep ou à l’université et même la nature des croyances et des philosophies à adopter pour notre vie.
Il est ainsi important d’explorer afin d’être ensuite en mesure de prendre des engagements qui reflètent qui nous sommes véritablement. En effet, les recherches scientifiques démontrent que les jeunes qui prennent leurs engagements après avoir vécu une période d’exploration identitaire vivent généralement de plus hauts niveaux de bien-être et de sens à leur vie, ont de meilleures capacités d’adaptation face aux changements, une plus grande autonomie ainsi qu’une utilisation plus adéquate de leurs repères intérieurs pour prendre leurs décisions. L’exploration identitaire peut générer un peu d’anxiété, des doutes et de l’inconfort, mais le résultat en vaudra la peine, car elle nous permet de découvrir qui nous sommes véritablement! Une fois cette période d’exploration achevée, ces sentiments inconfortables s’estompent et sont généralement remplacés par un plus grand bien-être puisque les engagements reflètent véritablement qui nous sommes.
À cet effet, l’adolescence et le début de l’âge adulte sont des périodes particulièrement propices pour explorer, puisque l’autonomie et l’indépendance augmentent durant cette période de vie sans que des engagements rigides à long terme n’aient encore été pris (ex. : emploi à temps plein, achat d’une maison, avoir des enfants, etc.), ce qui favorise la liberté d’explorer.
« Fais-toi confiance. Ensuite, tu sauras comment vivre ta vie. » – Johann Wolfgang von Goethe
Les théories scientifiques énoncent que pour prendre des décisions qui reflètent les valeurs et les intérêts de notre soi véritable, on doit tout d’abord être apte à distinguer ceux qui sont profondément et authentiquement significatifs et durables pour soi de ceux qui sont davantage superficiels et temporaires. En d’autres mots, on doit être capable de distinguer entre « qui nous sommes » et « qui nous ne sommes pas », c’est-à-dire entre les objectifs qui représentent nos véritables intérêts et valeurs et les objectifs qui représentent les intérêts et les valeurs des autres. Effectuer cette exploration identitaire nous permet ainsi d’apprendre à mieux nous connaitre et cette connaissance de soi nous permet de résister aux influences qui proviennent des autres personnes et de la société, lesquelles peuvent tenter de nous attribuer d’autres objectifs que les nôtres, ce qui ne nous mènera pas nécessairement à notre plus grand bien-être.
Le « true self », notre soi véritable
Un concept particulièrement inspirant en recherche est celui du soi véritable, en anglais le « true self ». Ce concept serait relié à l’énoncé « Connais-toi toi-même » de Socrate, grand philosophe grec ayant marqué l’histoire. De nos jours, certains définissent le soi véritable comme les caractéristiques que l’on attribue à qui nous sommes véritablement au plus profond de nous-mêmes. D’autres le définissent comme la partie de l’individu qui est authentique et non influencée par le contexte ou les facteurs extérieurs (normes et pressions sociales, standards de la société, etc.), une partie de l’individu qui doit être découverte à l’intérieur de soi. Enfin, d’autres encore définissent le soi véritable comme le potentiel qui réside à l’intérieur de chaque individu et qui représente le meilleur de ce que la personne peut devenir.
Quelques pistes pour développer son soi véritable
Bien que la littérature scientifique se prononce peu sur les façons de cultiver son soi véritable, les résultats de certaines études suggèrent des pistes. Une étude réalisée auprès de 53 étudiant·e·s universitaires aux États-Unis a découvert que ces personnes considèrent leurs expériences de vie comme étant plus étroitement reliées à qui ils sont, comparativement à leurs possessions matérielles. Ceci suggère que vivre diverses expériences de vie — comparativement à l’achat de biens matériels — pourrait être aidant à développer un lien étroit avec notre soi véritable. Une autre étude conduite auprès de 8 jeunes de première et deuxième secondaire aux États-Unis rapporte que l’écriture représente pour ces jeunes une façon d’apprendre à se connaitre et de mieux se comprendre, ainsi que d’exprimer leur soi véritable. Enfin, une autre étude réalisée auprès de 662 étudiant·e·s universitaires aux États-Unis a trouvé que ceux qui ont davantage de compassion envers eux-mêmes vivent généralement de plus hauts niveaux d’authenticité (c’est-à-dire le sentiment d’être leur soi véritable). Dans cette étude, la compassion envers soi était définie par (a) de la bienveillance envers soi-même, c’est-à-dire la tendance à adopter une attitude bienveillante et tendre, plutôt que de porter des jugements à l’égard de ses expériences difficiles, (b) une humanité commune, c’est-à-dire la reconnaissance qu’il est tout simplement « humain » de faire des erreurs et que sa souffrance est partagée par d’autres et (c) la pleine conscience, c’est-à-dire le fait d’affronter son échec et d’observer sa douleur avec sérénité. Cette étude suggère que cultiver de la compassion pour soi-même pourrait contribuer à nous rapprocher de notre soi authentique.
Et pour vous, qu’est-ce que ça signifie le soi véritable ? Existe-t-il dans votre vie des obstacles qui vous empêchent d’être vous-mêmes ? Et enfin, qu’est-ce qui vous aide à devenir un peu plus vous-mêmes?
Rémi Paré-Beauchemin
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