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Lancer une activité entrepreneuriale

Publié le 20 mai 2020

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SE DÉCOUVRIR SOI, SON PROJET ET LES AUTRES

Cet article a été écrit grâce aux témoignages de plusieurs travailleuses autonomes et entrepreneures qui ont souhaité partager avec transparence leur ressenti quant au mode de vie entrepreneurial, leurs fragilités d’où naît une force incommensurable d’apprentissage et de persévérance. Alors que la dernière Campagne de promotion en santé mentale du Mouvement Santé mentale Québec était dédiée au thème « Découvrir » (2019-2020), cet article est l’occasion de mettre en lumière la santé mentale des entrepreneur.es et travailleur.ses autonomes, de révéler les non-dits et les représentations utopiques qui pèsent sur ce choix de vie.

 

DÉCOUVRIR L’ENTREPRENEURIAT: L’IMAGE MÉDIATIQUE DE L’ENTREPRENEUR, CETTE UTOPIE !

Pour moi, la première découverte a été celle de la réalité d’un travailleur autonome. On nous renvoie toujours l’image d’un entrepreneur glorieux qui réussit en claquant des doigts. Ce sont des images inatteignables qui construisent un culte de l’entrepreneuriat excessif ».

La véritable réalité entrepreneuriale, la voici : c’est un parcours qui se construit pendant de longues années, au rythme d’essais, d’erreurs et de réussites. Il y a autant de diversité d’objectifs, de rythmes de travail et de chiffres d’affaires, qu’il y a d’entrepreneur.es (car chaque personne porte un projet bien à elle). L’image utopique véhiculée dans les médias n’est, de fait, qu’une représentation parmi tant d’autres, mais le malaise qu’elle crée sur des générations d’entrepreneur.es est bien plus grand.

« On entretient aussi l’illusion qu’un entrepreneur sait tout faire, qu’on doit être un surhomme ou une sur-femme. Mais on ne peut pas être capable de tout et c’est normal ! ». Cette prise de conscience est essentielle car, arrivé.e à un certain stade de développement, afin d’aller chercher le palier supérieur ou d’améliorer davantage sa qualité de vie, l’entrepreneur.e devient sa propre limite. Il/elle découvre alors qu’être entrepreneur.e c’est avant tout être le/la garant.e de son projet ou de son idée : retenir toutes les compétences et toutes les tâches, c’est retenir aussi sa croissance et son épanouissement personnel. Reconnaitre ses lacunes et l’expertise précieuse des autres, c’est donc être bienveillant.e envers soi-même et envers son projet.

Enfin, la plus grande découverte reste celle-ci : la vie entrepreneuriale est constituée de hauts et de bas. C’est un rythme sinusoïdal qui vit au fil des cycles de chaque domaine d’activité. Être entrepreneur.e, c’est être dans l’instabilité permanente: financière, professionnelle, sociale et donc mentale. C’est avoir le courage de se mettre en danger. « Quand j’étais salariée, j’avais des hauts et des bas mais dans une certaine mesure : des petits hauts et des petits bas. C’était confortable dans la gestion des émotions. Depuis que je suis partie à mon compte, je vis des émotions souvent seule, de manière super forte, aussi bien dans les hauts (adrénaline dans les période de rush, réussite d’un projet, lancement de produit…) que les bas (grosse fatigue, devoir remplir le stock, remise en question, angoisses…) ».

De cette capacité à gérer le changement constant, l’entrepreneur.e en tire sa plus grande force : se donner les moyens de se découvrir pleinement.

 

SE DÉCOUVRIR SOI: MAIS ALORS, QUI SUIS-JE VRAIMENT ?

Quand un jour on se dit « salarié, ce n’est pas moi », ça vient aussi avec la question « mais qui je suis alors ? ». Quand je suis partie à mon compte, je n’avais pas du tout vu l’enjeu psychologique et le travail nécessaire, profond, de la découverte de soi ».

Se lancer en entrepreneuriat c’est pour beaucoup une quête de sens (qui varie selon les valeurs de chacun.e). La société, même si elle évolue, nous façonne encore pour un mode de vie salarial. Alors que les entrepreneur.es sont des personnes qui réclament et incarnent le changement (en réaction à une situation qui ne leur convient pas : manque de sens, ennui, montée en compétence freinée…), ils/elles sont au démarrage encore très modelé.es par les craintes apprises dans une société au schéma plus classique et auprès de leur entourage (famille, professeurs, collèges, amis…).

Ces craintes se cristallisent principalement autour d’enjeux rationnels (porter une entreprise seul.e, se construire un réseau), financiers (revenu fluctuant les premières années), logistiques (livraison de ses produits ou services). Mais ces derniers ne sont que des révélateurs de difficultés plus profondes. Pourquoi avons-nous peur ? Avons-nous vraiment besoin d’autant d’argent pour être heureux ? Quels sont les déclencheurs, les frustrations, qui nous prennent tant d’espace mental ? Pourquoi telle situation ou telle angoisse se répète-t-elle sans cesse ?

Quand on nomme ces choses et qu’on commence à mettre en place des actions pour les régler, il n’y a plus d’anxiété parce que c’est identifié et qu’on sait qu’on travaille pour y répondre. Ça parait plus léger ».Cette remise en question est salvatrice car l’entrepreneur.e et l’entreprise sont interconnecté.es, voire interdépendant.es. À la question « Penses-tu que tu continuerais à être entrepreneure si tu ne faisais pas ce travail sur toi ? », la réponse est alors sans appel :

Non ! C’est une question de vie ou de mort pour mon entreprise aussi. Mon entreprise c’est moi alors il vaut mieux que je sois bien avec moi-même ». Pour s’épanouir, les personnes qui se lancent dans l’entrepreneuriat doivent donc accepter de se découvrir et de s’affirmer pour ce qu’elles sont et ce qu’elles veulent apporter.

DÉCOUVRIR LES AUTRES:  L’IMPACT DU RÉSEAU POUR PERDURER ET INNOVER

Aller à la découverte de l’autre, surtout lorsqu’on n’a pas l’instinct de le faire (par exemple avec ses compétiteurs), m’a énormément apporté. Je crois qu’au départ il est normal d’avoir des réticences et des craintes (se faire voler des idées, des clients, perdre la face, etc.) car l’autre menace certaines parties de notre ego. Pourtant, depuis que j’ai adopté une attitude ouverte, j’ai l’impression d’avoir propulsé mon entreprise et mon réseau ! ». La réussite entrepreneuriale ne peut donc se faire sans le soutien d’un entourage énergisant et d’un réseau compétent.

Pour grandir : ici on parle de coopétition plutôt que de compétition. « Lorsque j’ai débuté à l’École des Entrepreneurs dans le cadre du programme STA, il y avait dans ma cohorte une personne qui faisait, à mes yeux, quelque chose de très semblable à moi. Au départ, j’ai quelque peu gardé mes distances jusqu’à ce que je découvre que nous sommes tous uniques dans notre proposition de valeur et que nous avons tellement à apprendre les uns des autres ! Tranquillement, notre relation a évolué : discussion, co-développement puis amitié. Aujourd’hui nous collaborons ensemble sur des mandats et avons décidé de créer une co-entreprise ».

Pour innover : nous innovons lorsque nous découvrons la richesse du réseau qui nous entoure. Alors même que la socialisation peut être difficile pour beaucoup d’entrepreneur.es, c’est pourtant cette complémentarité des expertises et des points de vue, véritables piliers professionnels, qui permet d’avancer vers l’objectif fixé, et de se réinventer.

Pour l’écosystème entrepreneurial : rappelez-vous le début de cet article. L’image médiatique de l’entrepreneur conquérant ne représente qu’une infime partie de l’aventure entrepreneuriale, mais son impact est fort sur l’ensemble des entrepreneur.es en activité ou en devenir. Plus les entrepreneur.es noueront des liens entre eux, plus leurs témoignages et leurs forces rayonneront. Il s’agit de créer un équilibre pour permettre, à ceux qui veulent embrasser la vie d’entrepreneur.e, d’en avoir moins peur, et aux organismes compétents de mieux les comprendre pour mieux les accompagner.

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Lorsque le Mouvement Santé Mentale Québec nous a proposé de collaborer pour ce blogue, nous avons été interpellés par un message en particulier : « Découvrir, c’est voir autrement ». Vouloir développer son propre projet, c’est déjà voir la vie autrement (sinon nous n’en aurions pas eu l’idée). Devenir entrepreneur.e ou travailleur.se autonome, c’est se donner la liberté de casser des codes pour reconstruire les siens, de s’entourer d’un réseau riche et bienveillant, et de créer grâce à cette confiance vitale en soi et en ses idées.

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Merci à Ania Ursulet, Céline Ozouf et Myriam Forest, membres de Les Talents M, première communauté marketing francophone, d’avoir témoigné pour cet article. Les Talents M sont un collectif de travailleurs.ses autonomes, dont la mission première est de créer un environnement qui facilite l’apprentissage, la réflexion, la coopération, la veille, l’innovation, et le développement d’affaires. Quelque soit notre rôle au sein de la communauté (indépendant, conférencier, entrepreneur, partenaire, ressource et/ou client), une envie commune nous lie : avoir un impact positif sur nos écosystèmes pour des collaborations humaines qui ont du sens pour nous et le monde.

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Aurélia Juif-Leclerc

www.lestalentsm.com

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