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Viser « plus bas » pour remonter plus haut

Publié le 5 décembre 2017

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Viser «plus bas» pour remonter plus haut

Le 16 février 2012, je suis entrée au bureau avec un drôle de pressentiment. Mon patron m’avait rencontrée la semaine précédente pour m’informer à l’effet que les ressources humaines avaient noté un nombre de jours d’absence plutôt élevé dans la dernière année, année qui était en fait ma période de probation. J’étais une nouvelle employée. Lorsque je suis revenue de diner, mon patron m’a demandé de descendre au bureau des ressources humaines, j’ai tout de suite su pourquoi.

Un an avant, j’avais quitté mon emploi, un emploi très lucratif et «confortable», que j’occupais depuis presque neuf ans. J’étais malade, de plus en plus fatiguée, de plus en plus dépressive, etc. Je prenais des antidépresseurs depuis plus de dix ans et rien n’allait. Je mettais mes problèmes de santé sur le dos de mon travail. Bien entendu, la situation ne s’était pas améliorée en changeant d’emploi, elle avait même empiré et celle-ci m’avait finalement conduite à un congédiement.

Ce congédiement était le plus beau cadeau que la vie pouvait m’offrir, mais je ne l’ai pas vu ainsi à ce moment-là. J’avais 35 ans et j’étais loin de mettre ma carrière sur la glace. J’étais malade et je ne me soignais pas. Tout d’abord, je me suis lancée dans une lutte pour obtenir un certain dédommagement auprès de mon ancien employeur, ce que j’ai obtenu, mais à quel prix? J’ai, durant cette lutte, voulu me rendre à l’hôpital quelques fois.

Je me suis ensuite lancée dans une recherche d’emploi agressive, sans relâche! J’ai trouvé un nouvel emploi, mais dans une autre ville. J’ai mis mon condo (acheté il y avait à peine un an) à vendre et je suis partie.

Je me suis retrouvée à payer pour un loyer et un condo pendant plusieurs mois. Déménagement, changement d’emploi, stress financier. J’étais toujours aussi malade, je vomissais presque chaque matin… Évidemment, six mois plus tard, j’ai frappé mon mur. Diagnostic : dépression majeure. Deux mois en arrêt de travail.

Après cet arrêt, je suis retournée au travail en pensant au suicide presque tous les jours. Cela a duré quatre mois, puis j’ai arrêté de nouveau. Incapable de lâcher prise, j’étais allée jusqu’au bout de mes capacités. Je sentais que je ne retournerais plus au bureau, et je n’y suis jamais retournée. Toutefois, je mettais encore la faute sur les éléments extérieurs: cette nouvelle ville et ce travail que je n’aimais pas vraiment.

Et je me suis remise, de façon encore plus agressive que la fois précédente, à la recherche d’un emploi! Toujours dans mon domaine, sauf que mes attentes salariales avaient beaucoup baissé, ce qui était au moins un pas dans la bonne direction.

Je suis revenue dans cette ville que j’aimais tant et j’ai commencé un nouveau travail… encore! Cette fois, ça a pris trois mois et c’était terminé! Ce qui a mis fin à cette spirale, c’est un appel au 911. Après avoir passé un mois et demi au lit, les rideaux fermés 24/7, j’avais enfin décidé de lâcher prise, après un bon deux ans de combat extrême contre moi-même. J’ai été hospitalisée durant un mois et j’ai reçu les soins dont j’avais besoin… depuis trop longtemps. La médication a été ajustée et tout a changé.

C’est là que je suis vraiment retournée à la case départ. J’ai fini par me retrouver sans emploi et sans revenu, une fois l’assurance-emploi terminée. À partir de ce moment, le passé n’était plus vraiment important. Malgré toutes les études universitaires que j’avais faites, j’étais à ce moment un être humain qui devait subvenir à ses besoins.

Il était maintenant clair que je ne retournerais plus travailler dans mon domaine, je ne pouvais plus occuper un poste avec autant de responsabilités. Encore une fois, je faisais un pas de plus dans la bonne direction. Mais que pouvais-je faire à partir de ce moment? Quoi faire avec un diplôme universitaire de 2e cycle et plus de dix années d’expérience de travail? Qui aurait voulu risquer d’embaucher quelqu’un de surqualifié?

J’ai donc décidé de me «déqualifier»! Je suis retournée sur les bancs d’école à 39 ans. J’ai suivi une formation collégiale de huit mois et je me suis replacée sur le marché du travail comme adjointe administrative. Cela fait maintenant plus d’un an et demi que je travaille pour la même entreprise et il n’y a pas eu un jour durant lequel je me suis sentie malheureuse. De plus, comme je ne suis pratiquement plus anxieuse et dépressive, mon système immunitaire se porte grandement mieux et je suis rarement malade.

Dans ma vie, j’ai pris beaucoup de décisions, certaines bonnes, d’autres mauvaises. J’ai très peu de regrets et j’ai rarement eu envie de revenir en arrière. Je ne regrette rien, mais si c’était à recommencer, je ferais les choses autrement à la suite de mon congédiement : je ne ferais « rien » !!

Je prendrais le temps de comprendre, de penser, de me soigner. Je n’étais plus apte au travail et je refusais de le voir. J’ai compris qu’on économise rarement de l’argent à long terme lorsqu’on ne prend pas soin de sa santé. La maladie, c’est rarement payant!

En ce qui me concerne, mon combat contre moi-même m’aura coûté très cher, en argent et en santé. Par contre, aujourd’hui, j’entreprends les «combats» différemment, je réfléchis et je fais des choix, ceux-ci étant entièrement en fonction de ma santé. Je crois fermement que souvent, la santé, c’est abandonner!

J’ai retrouvé la santé lorsque j’ai abandonné. Abandonné ma carrière, abandonné mon salaire, abandonné mon «beau» statut social, etc. J’ai visé «plus bas» et je suis remontée encore plus haut, beaucoup plus haut que je ne l’aurais espéré. Je me suis grandement surprise.

Lors de mon passage à l’école en 2015-2016, j’ai trouvé cette citation dans mon agenda scolaire et je m’efforce de me la remémorer lorsque je sens l’envie de me lancer dans un combat nocif pour ma santé:

Le meilleur des combats est celui que l’on évite.
– Gichin Funakoshi (créateur du karaté moderne)

On n’est pas toujours obligé de monter jusqu’au sommet, on peut s’arrêter à mi-chemin ou bien même rebrousser chemin. La vue est souvent très belle en bas.

Josée Manseau

Adjointe administrative

À 26 ans, j’ai entamé ma «vie adulte» comme beaucoup de gens : j’ai terminé des études universitaires en génie, j’ai acheté une maison avec mon conjoint, j’ai trouvé un emploi dans mon domaine et j’ai commencé à penser à fonder une famille. Durant les dix années suivantes, les choses ont changé…beaucoup! Le chemin plutôt rectiligne que je croyais emprunter s’est finalement avéré cahoteux et rempli de bonnes, mais aussi de bien mauvaises, surprises. Aujourd’hui, je n’exerce plus ma profession, je suis célibataire sans enfants et j’habite en appartement! Mais une chose n’a jamais changé: j’adore écrire. Dans mon ancienne vie professionnelle, j’ai surtout rédigé des documents en anglais. Puis, en retournant sur les bancs d’école dernièrement, là où j’ai revu les règles de français et amélioré ma plume, ma passion pour la rédaction a été confirmée. Au travail, je révise des textes et dans ma vie personnelle, j’en écris. Je suis passionnée par les sujets qui portent sur les problèmes de santé mentale ainsi que sur les relations amoureuses, particulièrement les hauts et les bas du célibat! Comme je souffre d’un trouble dépressif majeur et que je suis célibataire depuis belle lurette, je ne manque pas d’inspiration! Je publie donc de petits billets sur ces sujets par l’entremise de pages Facebook «anonymes». L’idée de joindre le blogue du MSMQ, de publier de façon plus officielle et de rejoindre plus de gens m’a totalement charmée. Il me fait donc plaisir de vous partager une partie de mon jardin secret ici. Bonne lecture!

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