Ajouter du sens à la retraite
Voici un article que j’ai écrit il y a exactement un an. Je constate le chemin parcouru depuis et à quel point l’écriture de ce texte m’a aidé à structurer ma vie de façon positive.
63 ans, une adolescente aux bras trop longs
Dans le contexte d’une période relativement nouvelle qui peut facilement s’étaler sur 25 ans, mes réflexions sur la retraite se multiplient.
J’ai récemment eu 63 ans et je me sens comme une adolescente aux bras trop longs!
La cohabitation avec ce nouveau corps, cette liberté nouvelle offerte par la retraite, une certaine peur du vide, la multitude d’options qui s’offre à moi et celles auxquelles je dois dire non me pousse à redéfinir mon identité…. Tout comme quand j’avais 14 ans!
Bipolarité et ambivalence
Ma retraite est survenue à la suite de circonstances non désirées. Je n’étais pas préparée et depuis, j’avoue être une véritable bipolaire de la retraite. Une journée, je veux publier un nouveau magazine et changer le monde. Le lendemain, confrontée à la santé précaire de certaines personnes de mon entourage, je ne veux que m’amuser, en profiter au maximum pendant qu’il en est encore temps!
Si en vieillissant nous gagnons en sagesse, notre niveau d’énergie et notre temps sont plus limités. Ces deux éléments doivent être pris en considération avant de prendre des décisions.
Notion d’équilibre
Mais où trouver l’équilibre afin de rendre cette période de vie agréable et nourrissante et ce sans gaspiller ce temps si précieux?
Afin de guider ma réflexion, je peux me poser une question que j’avais l’habitude de poser à mes clients lorsque j’étais psychothérapeute: quels étaient mes intérêts de jeunesse?
Cette question permet de se connecter avec nos élans de base avant que la société et les exigences de la vie nous détournent de ceux-ci.
Pour ma part, plusieurs réponses me viennent en tête: apprendre l’espagnol, le bridge, faire du yoga, voyager. Projets motivants certes mais en les énumérant une petite sensation de vide se creuse au centre de ma poitrine, signe qu’il me manque quelque chose.
Cette réflexion me ramène à la question de mon conseiller financier: qu’est-ce que je veux vraiment?
Cette question posée au niveau financier offre une perspective qui permet «d’agir» en fonction de ses désirs et non pas de « réagir » aux sentiments du moment. Une journée, économiser pour maintenir son niveau de vie; le lendemain, trop dépenser parce qu’il vaut mieux en profiter maintenant!…
Les mêmes dilemmes existent au niveau de ma vie en général. Découvrir mes désirs profonds pour les 25 prochaines années, voilà mon souhait.
Pour y répondre, je vais formuler la question suivante : à 88 ans qu’est-ce que je voudrais écrire dans mon journal?
Dans mon cas, j’ai établi trois priorités auxquelles l’ensemble de mes décisions et de mes actions devraient se rattacher:
-Avoir du plaisir et des moments significatifs avec ceux que j’aime.
-Me servir de cette période comme opportunité pour avoir un engagement communautaire et environnemental tout en encourageant mon entourage à faire de même.
-Ralentir et ajouter du sacré à ce que je fais. «Ranger un livre dans ma bibliothèque devient une autobiographie de mes intérêts; acheter, un geste politique.»
Ces trois orientations me serviront, je l’espère, de boussole pour m’orienter vers des personnes, des actions, des projets significatifs. Elles m’aideront à guider mes décisions et surtout me permettront de rester connectée à mon essence profonde.
Transition
La retraite est une période de grande transition qui implique des deuils, des choix, des rêves et des permissions. C’est à la fois grisant et angoissant. Il faut fermer certaines portes, en ouvrir de nouvelles.
Pour écrire ces lignes, j’ai pris le temps de réfléchir et surtout d’écouter ma petite voix intérieure.
Un an plus tard
Je vous partage ces questionnements en faisant le constat, un an plus tard, que cet exercice m’a permis d’y voir plus clair. J’ai pris certaines bonnes décisions. Je me sens aujourd’hui plus sereine, plus solide et, surtout, j’ai le sentiment d’avoir ajouté du sens à cette période de vie.
Danielle Chartrand
Psychothérapeute à la retraite