Depuis quelques années, il émerge un nouveau modèle de soins en santé mentale : la prescription sociale. Elle vient comme complément ou alternative à la prescription médicamenteuse et prend tout son sens dans notre société actuelle. On vous présente cette piste de solution pour améliorer collectivement la santé mentale.
Aujourd’hui, lorsque notre santé mentale est moins bonne pour une raison quelconque et que nous allons consulter, on remarque souvent la recherche de solutions médicales, individuelle et temporaire pour pallier à la souffrance psychique. La prescription des antidépresseurs et médication pour l’anxiété a notamment augmenté de 20% ces dernières années au Québec, et de 50% chez les jeunes ces dix dernières années¹. Un accompagnement parfois nécessaire, mais est-ce suffisant?
À l’aire des nombreuses crises que nous traversons, qu’elles soient sociales, politiques, économiques, écologiques… On peut se poser la question à savoir comment notre société et nos conditions de vie impactent aujourd’hui notre santé mentale?
Comment est influencée notre santé mentale quand on vit dans un logement inadéquat, insalubre, ou trop cher, ou encore avec des ressources financières ou alimentaires insuffisantes? Quand l’accès à la santé, l’éducation ou au processus d’immigration est un défi? Quand on est constamment surchargé·e au travail et que la conciliation travail et vie personnelle est une difficulté quotidienne?
Plusieurs pays ont réfléchi sur le sujet et ont mis en place un nouveau concept : la prescription sociale. La prescription sociale est « une approche globale des soins de santé qui vise à combler l’écart entre les soins cliniques et les services sociaux »² . Les différent·es professionnel·les travaillent en collaboration avec les participant·ees pour faire le lien et « les mettre en contact avec des services qui répondent à leurs besoins fondamentaux, favorisent leur bien-être social et émotionnel et encouragent l’appartenance à la communauté ». C’est une approche qui mise sur le soutien de la communauté et l’accès aux services qui, actuellement, ne sont pas systématiques.
Ce concept de prescription sociale semble tout à fait enligné avec nos valeurs et notre mission. Maintenir en tout temps des réseaux sociaux forts et solides aide les personnes et les communautés à gérer les situations, à s’adapter, à se soutenir et à se rétablir.
Les villes et municipalités peuvent jouer un rôle de premier plan en accompagnant les personnes pour améliorer leurs conditions de vies et favoriser leur santé mentale : aménager des espaces pour assurer un sentiment de sécurité, créer des lieux ou des moments pour favoriser les rencontres entre les gens, développer différentes stratégies d’accès au logement, réduire les déserts alimentaires, augmenter les espaces verts, écouter, rassembler, rejoindre, soutenir, sont de belles façons de se rejoindre ensemble pour renforcer la santé mentale de tous et toutes. Les milieux de travail et les milieux de vie sont des acteurs de premier plan pour agir en vue d’améliorer la qualité de vie des individus.
Une vision collective de la santé mentale, miser sur nos forces collectives et notre entraide, c’est ce qui construit une société résiliente et qui favorise la santé mentale de chacun·e.
Joséphine Tschirart et Alexandra Rioux
Références
¹ https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2000813/augmentation-antidepresseurs-medicaments-quebec-jeunes
² https://www.socialprescribing.ca/fr-ca/about-social-prescribing