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Ressentir, sentir à nouveau

Publié le 14 juillet 2021

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J’étais assise paisiblement sur ma chaise berçante contemplant au loin l’unique paysage que m’offraient les plaines désertes. A priori, tout allait bien. Nulle ombre d’un souci à l’horizon ne pouvait venir masquer cette vision du bonheur qui s’étalait sous mes yeux. Puis, sans crier gare, un sournois petit pincement au creux de mon ventre faisait son apparition, d’abord timidement, puis plus intensément, martelant mon corps avec insistance malgré tous les vains efforts que je mettais à l’ignorer. Cet inconfort impromptu s’installait doucement sans gêne entre les battements de mon cœur de plus en plus saccadés et traçait un petit chemin au travers de ma gorge désormais nouée. Se présentaient à moi deux options : fuir cette visite-surprise ou bien me permettre de ressentir le message qu’elle cherchait à véhiculer… Experte du refoulement et de l’esquive, j’étais pleinement consciente que la première option ne menait jamais à grand-chose mis à part l’amplification de ce mal-être passager. J’ai donc choisi la deuxième option : ressentir avec conscience.

Se permettre le questionnement

Pour ce faire, j’ai choisi de m’asseoir là où je savais ne pas être dérangée. J’ai éteint mon téléphone et me suis assise confortablement. Je ne m’imposais aucune limite : cette expérience allait durer le temps qu’elle le devait. J’étais fin prête à honorer l’inconfort qui voulait se manifester. Yeux fermés, j’entrepris d’inspirer profondément en visualisant chaque bouffée d’air, j’accueillais l’expérience qui voulait prendre tout son sens. Puis, j’expirais sans pousser, sans forcer, l’expérience qui voulait s’abandonner en moi.

 À ce moment, je ne connaissais pas encore la cause de ce tiraillement : de toute façon, ce n’était pas important. Il fallait d’abord que je sache comment je me sentais. J’ai répété cette respiration à dix reprises.

Je me suis posée une question : comment je me sens ? Quelle est l’émotion qui vient me rendre visite ? Dans un silence bienveillant, j’attendais. Je ne cherchais pas à trouver illico une réponse. Non. Je continuais ma respiration profonde et posée. J’attendais, prête à accueillir.

Bonjour Tristesse

« Je me sens triste ». Voilà, les mots étaient dits. Et puis, comme si j’avais découvert le gros lot, mes pensées fusèrent de toute part : ah, oui ? Et pourquoi ? Ce doit être à cause d’hier… Ah, non, je suis triste parce que… Non, c’est à cause de…

Avec douceur et tendresse, telle une mère attentionnée, j’ai mis un terme à ce bavardage intérieur. J’ai laissé place aux sensations tout simplement… Accueillir cette tristesse car elle a tout à fait le droit d’exister.

— Bonjour, Tristesse, fais comme chez toi!

Je l’imaginais comme une petite boule de lumière se promenant ici et là dans les différentes parties de mon corps. Elle ne se logeait nulle part puisqu’elle avait la permission d’être partout. Je me suis mise à sangloter.

Je savais maintenant comment je me sentais. Mon corps entier était chaud. Mon ventre était coincé, secoué de spasmes. J’avais de la peine et j’avais le droit de la ressentir. Cette émotion qui me rendait visite ne m’imposait aucune limite et ne me définissait pas. Je savais que si je me donnais le droit de la ressentir, elle repartirait tout bonnement sans me ravager, laissant place à un apaisement et une agréable libération.

Des visites de plus en plus bénéfiques

Après une dizaine de minutes d’émoi, le calme s’est installé.

Je savais bien qu’il était vain d’essayer de me battre contre elle. Mes anciennes défaites m’avaient signifiée que tant que je lutterais pour ne pas la ressentir, la Tristesse prendrait davantage d’espace pour se métamorphoser en d’autres états : colère, anxiété, désespoir, culpabilité, ressentiment…

De plus, lorsqu’elle sentait qu’elle avait le droit de venir me visiter, la Tristesse revenait bien moins souvent et ses visites étaient de plus en plus bénéfiques.

Ressentir pour se libérer

J’avais pleinement conscience qu’en agissant comme je venais de le faire, je m’étais donnée le droit de m’apporter du réconfort et de m’aimer telle que je le méritais. Personne n’était responsable de ce monde intérieur instable en moi et j’avais encore moins de contrôle sur les événements de ma vie ayant pu provoquer cette instabilité. Le seul pouvoir dont je disposais réellement était celui qui me permettait de choisir la façon de vivre cet univers émotionnel tempétueux qui ferait toujours partie de mon existence.

Encore une fois, j’avais eu l’occasion de fuir, de m’enfouir la tête dans le sable et d’ignorer ces sensations physiques qui étaient, en quelque sorte, la voix de mes émotions refoulées. J’aurais beau rejeter la faute sur mes tasses de café du matin, sur les nuages qui masquaient le soleil, ou bien sur le dos de ma tante Henriette, cela ne m’aurait avancé en rien.

Le plus important, c’était définir mes sensations et me permettre de ressentir ces émotions, tout simplement. Le fait d’agir de la sorte lors de chacune de ces situations émotionnelles me permettrait de cultiver un bien-être qui ne se démentirait pas, peu importe les circonstances… Je me donnais le droit de m’aimer, d’aimer et d’être aimée.

À propos de l’auteure :

Nathalie Bellerose-Hamel, écrivaine prolifique & éducatrice spécialisée allie passion pour la relation d’aide & création dans ses écrits. Intervenante de métier et conférencière également, elle utilise les mots pour prendre soin des maux du coeur, de l’esprit. Communiquer, créer et partager est une vraie joie pour elle. Éveilleuse, elle touche les cordes justes pour provoquer des questionnements sains dans tout processus de transformation intérieure.

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